« AUTANT INTERDIRE TOUS LES SPECTACLES D'HUMOUR » : GASPARD PROUST PREND LA DéFENSE DE GUILLAUME MEURICE

« Alors, au risque de vous surprendre... » Mardi, dans son billet de la matinale d’Europe 1, Gaspard Proust prend la défense de Guillaume Meurice. « Dieu sait si le corporatisme m'est étranger, mais je trouve que c’est une idée très dangereuse d'aller décider de ce qui est drôle et de ce qui ne l'est pas », explique l’ancien conseiller en gestion de patrimoine passé à l’humour. On a beau ne pas rire à une blague, il faut se battre pour que l'autre puisse la faire. Du moins, pour qu'il ne passe pas, à cause d'elle, devant les tribunaux.

Il confie avoir cherché à convaincre l’avocat Gilles-William Goldnadel de ne pas aller déposer plainte. Celles reçues par le parquet de Nanterre ont toutes été classées sans suite, ce que le trublion d’Europe 1 trouve « rassurant et parfaitement logique ». Depuis, Guillaume Meurice a répété ses propos sur Benjamin Netanyahou à l’antenne, et a été suspendu par la direction de France Inter.

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Gaspard Proust déroule son raisonnement : «Dire qu’une blague n’est pas drôle, donc qu’elle m’offense, donc qu’elle est ce que la personne pense profondément : autant interdire tous les spectacles d’humour. Tous reposent d’une manière ou d’une autre sur une ironie, une provocation, une caricature et des clichés, éculés ou non (...) Ce serait se mettre au diapason avec ce que le terrorisme intellectuel qu’une certaine gauche aime le plus : condamner l’arrière-pensée supposée de quelqu'un.»

Peut-on rire de tout ? «On a tous nos vaches sacrées privatives, répond indirectement Gaspard Proust à cette question. Je suis assez mal à l’aise avec des blagues qui surfent sur la pédophilie. De quelque manière que je tourne la chose, j'ai beaucoup de peine à rire des ruines d'une enfance détruite. Pour autant, que les autres en fassent ne me dérange pas. Cela n'en fait pas des pédophiles. »

Deux poids, deux mesures

Après cette prise de position en faveur de Guillaume Meurice, Proust s’étonne du traitement de faveur dont le comique d’Inter bénéficierait à gauche. Quand lui-même se fait traiter de «raciste et d'extrémiste», son collègue n’est pas inquiété. «Si je résume la situation : Guillaume Meurice ne peut pas être antisémite car, voyons, ce sont des blagues. Mais Proust serait nécessairement raciste, car, écoutez donc ses blagues... Ils condamnent avec le même prétexte qui leur permet d’exonérer les autres. »

Il aborde ensuite le sujet des manifestants de Sciences Po et des agresseurs de Raphaël Glucksmann, ramenant la politique dans sa chronique. «Vous vous croyez libertaire mais qu’êtes-vous d’autres que des petits-bourgeois déguisés en zadiste ? J’admire leur cynisme extrême, leur désinvolture débridée qui les fait postillonner sur trois quarts des Français qui à leurs yeux sont au mieux des sociaux-traîtres, au pire de vilains nazis. (...) Je me pose la question sans cesse : suis-je vraiment assez nihiliste pour être capable de rire tous les jours d’un monde au bord du gouffre ? », conclut-il avec une étonnante gravité.

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