L’HUMORISTE GUILLAUME MEURICE SUSPENDU PAR RADIO FRANCE : ON VOUS RéSUME L’AFFAIRE EN TROIS ACTES

L’humoriste et chroniqueur Guillaume Meurice a été convoqué par Radio France à un entretien préalable à un éventuel licenciement, jeudi 2 mai 2024. De ses propos sur Benyamin Netanyahou à la décision de la radio publique, retour sur les temps forts de cette affaire.

C’est lui-même qui l’a annoncé sur ses réseaux sociaux. Jeudi 2 mai 2024, l’humoriste et chroniqueur Guillaume Meurice a été suspendu par Radio France dans l’attente d’une éventuelle sanction pouvant aller jusqu’au licenciement, pour des propos polémiques tenus l’automne dernier à l’antenne. Retour sur cette affaire en trois actes.

Acte I : des propos sur Benyamin Netanyahou qui ne passent pas

Le 29 octobre 2023, dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas, Guillaume Meurice déclenche un tollé. Dans sa chronique pour l’émission Le Grand dimanche soir  sur France Inter, il suggère pour Halloween un « déguisement » de Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien, qualifiant ce dernier de « sorte de nazi sans prépuce ».

Les propos font réagir. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA), le gendarme des médias, reçoit de nombreuses saisines. Elle adresse une mise en garde à Radio France le 23 novembre, estimant que ce sketch avait « porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu’elle se doit d’entretenir avec l’ensemble de ses auditeurs ».

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Le 6 novembre, Guillaume Meurice reçoit un avertissement de Sibyle Veil, la patronne de la radio publique. Selon Libération , ce qui est reproché à l’humoriste n’est pas la blague en elle-même, mais son silence après l’émotion provoquée par ses propos. Guillaume Meurice conteste cet avertissement devant les prud’hommes.

Le chroniqueur est également visé par des plaintes de l’Organisation juive européenne (OJE) et d’Avocats sans frontières, pour « provocation à la violence et à la haine antisémite et injures publiques à caractère antisémite ».

Acte II : les plaintes classées sans suite, Guillaume Meurice récidive

Les plaintes sont finalement classées sans suite le 22 avril par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui estime que l’infraction est insuffisamment caractérisée.

Entre-temps, Guillaume Meurice avait lui-même déposé une plainte après avoir reçu un flot d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux et publié un livre, Dans l’oreille du cyclone (Seuil), pour donner sa version de la polémique.

À cette occasion, il avait expliqué à l’AFP ne pas avoir « peur d’être condamné » et assumé sa plaisanterie, pour laquelle il a refusé de s’excuser, alors que sa direction l’y exhortait.

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Le 28 avril, toujours au micro du Grand dimanche soir, l’humoriste réitère ses propos. « Il y a des choses qu’on peut dire. Par exemple, si je dis : Netanyahou est une sorte de nazi mais sans prépuce, c’est bon. Le procureur, il a dit que c’était bon, cette semaine. Vous pouvez en faire des mugs, des T-shirts, c’est ma première blague autorisée par la loi française. »

Acte III : vers un licenciement pour faute grave ?

La blague de trop pour Radio France, qui a convoqué jeudi Guillaume Meurice à « un entretien préalable en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire » pouvant aller jusqu’à la rupture anticipée de son contrat pour faute grave. Selon Libération, la radio publique estime que la répétition de ces propos lui porte préjudice, en l’exposant à une nouvelle sanction de l’Arcom.

Dans l’attente de cet entretien, qui devrait avoir lieu dans les prochaines semaines, le chroniqueur a été suspendu. Il ne sera donc pas à l’antenne lors des deux prochaines émissions du Grand dimanche soir, mais continuera d’être rémunéré en attendant la décision.

Sur X (ex-Twitter), de nombreuses personnalités se sont émues du sort réservé à Guillaume Meurice, à commencer par sa collègue Charline Vanhoenacker, qui dénonce une situation « très inquiétante ». « Mais la troupe reste mobilisée au service de la rigolade. Soutien à mon camarade », a-t-elle ajouté.

Manon Aubry, tête de liste pour La France insoumise (LFI) aux élections européennes, s’est émue d’une « très mauvaise blague » de la part de Radio France. « On ne rigole pas avec la liberté d’expression. […] Un nouveau seuil est franchi, réveillons-nous ! »

L’annonce de la suspension de Guillaume Meurice survient trois jours après celle du licenciement du journaliste politique Jean-François Achilli. Il lui était notamment reproché d’avoir collaboré à une autobiographie du président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella.

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