METOO : LE FESTIVAL DE CANNES PEAUFINE SA COMMUNICATION DE CRISE

Si c'était un film, il pourrait s'agir d'un huis-clos très angoissant. Lieu de tournage ? Une salle de réunion du Festival de Cannes, dont on apprend grâce au Figaro qu'il s'est adjoint les services d'une « agence de communication de crise » afin d'établir un protocole de réponse en cas de scandale MeToo de grande ampleur. Depuis quelques semaines, dans les couloirs des rédactions, mais aussi des boites de production et des agences, il se murmure qu'au moins dix hommes liés au 7e art pourraient être visés par une enquête journalistiques pour des faits de violences sexuelles. Le bruit court que sa parution pourrait intervenir en marge de la montée des marches, entre les 14 et 25 mai prochain. De quoi perturber l'organisation du Festival, déjà pointé pour son manque de considération pour le mouvement de libération de la parole.

Sueurs froides

Le Figaro s'est entretenu avec Iris Knobloch, la présidence du Festival de Cannes, qui se dit « en vigilance renforcée ». Le plan de com établi par l'institution cannoise : « Selon le degré de l’accusation, un film ne sera pas forcément maintenu en compétition, détaille le Figaro. Un réalisateur, un acteur, un producteur pourront être priés de ne pas monter les marches. Le dispositif est prêt. En cas d’accusation, Iris Knobloch en discutera avec Thierry Frémaux, son délégué général. Ensuite, le binôme convoquera en urgence son conseil d’administration. »

Une autre enquête, du Canard Enchaîné cette fois, détaille l'ampleur de la psychose. Les professionnels du secteur sont « minés par les bruits de nouvelles révélations », insiste le Palmipède. Et de citer Alain Attal, producteur de L'Amour ouf, de Gilles Lellouche, en compétition à Cannes : « Ce n'est pas une épée de Damoclès qui pèse sur les producteurs, c'est un monde nouveau qui émerge. Il est normal que les victimes aient besoin de crier, de hurler ce qu'elles ont tu. Viendra ensuite le temps de la synthèse. » Le journal du mercredi cite aussi Olivier Delbosc, producteur de François Ozon notamment : « La rumeur ne m'empêchera jamais d'embaucher demain tel ou tel. » Un autre producteur d'un film « sur la sellette », d'après le Canard, confie : « Avant de signer avec tel acteur ou réalisateur, il faudrait engager une armée de détectives privés… »

L'année cinéma 2023-2024 a été émaillée par les révélations sur les violences sexuelles à l'oeuvre dans l'industrie. Gérard Depardieu, mis en examen pour viol et agression sexuelle, mais aussi les réalisateurs Jacques Doillon ou Benoît Jacquot, tous deux mis en cause par Judith Godrèche et d'autres femmes, pour viol et agression sexuelle. Lors de la cérémonie des César, l'actrice avait livré un discours poignant sur scène, affirmant le caractère systémique de ces violences dans le petit monde du cinéma.

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